Pour l’ambassadeur du Maroc au Sénégal, Hassan Naciri, les Forces de l’ordre de son pays ne sont pas responsables du chaos qui a conduit à la mort de 23 migrants à Melilla, une enclave située au nord du Royaume chérifien, à la frontière avec l’Espagne.
Dans un entretien paru dans le journal Le Quotidien de ce vendredi, le diplomate a commencé par présenter ses «condoléances les plus attristées et (exprimer) ses sentiments de solidarité les plus sincères aux familles des victimes» et clamer son émotion. Mais, il s’est empressé, ensuite, de désigner les migrants comme les principaux responsables de la situation qui a dégénéré.
«Les images qui ont circulé et qui circulent sur les réseaux sociaux sont loin de refléter la réalité des faits et le déroulé des événements», jure Hassan Naciri.
L’ambassadeur confie que tout est parti d’une initiative des autorités marocaines : «une opération de ratissage des montagnes et forêts avoisinantes de Nador où des milliers et des milliers de migrants subsahariens ont élu demeure en préparant l’un des multiples assauts dont ils sont coutumiers contre les postes frontières».
«Le tout pour le tout»
Au cours de cette opération, accuse le diplomate, «les migrants ont engagé de véritables batailles rangées contre les Forces de l’ordre, à force de jets de pierres, car ils n’ont qu’un seul et unique objectif : passer de l’autre côté, vers cet eldorado rêvé qu’est l’Europe».
Hassan Naciri ajoute que, conscients que leur plan est compromis, «un certain nombre de migrants (environ 2000) ont décidé de tenter le tout pour le tout et de forcer le passage vers Melilla, quoi qu’il en coûte».
Le représentant du Maroc à Dakar ajoute : «Des vidéos montrent ailleurs une foule de migrants dans une sorte de réunion où un meneur les invectivait et les mobilisait pour l’assaut. D’autres vidéos montrent également le jour fatidique, leur marche à travers les rues de Nador menant au passage frontalier, armés de barres de fer, de bâtons, de pierres et parfois d’armes blanches et prêts à en découdre avec quiconque s’opposerait à eux.»
Les Soudanais et les Ethiopiens désignés coupables
Hassan Naciri affirme que «ces désespérés» sont morts non sous les balles des Forces de l’ordre marocaines, mais plutôt «en escaladant les clôtures jusqu’à rupture de celles-ci», ce qui, selon lui, a provoqué des chutes mortelles. Il assure que d’autres sont morts pour avoir été piétinés lorsqu’ils se sont rués vers les quatre passages piétons au poste frontière.
«Ces malheureuses victimes décédées ou blessées, sont le résultat de ces bousculades et chutes mortelles et non des Forces de l’ordre qui n’ont pas tiré un seul coup de feu», défend l’ambassadeur.
Ce dernier pointe particulièrement les migrants venus d’Ethiopie et du Soudan. «Parmi eux, certains ont un passé guerrier, sont entraînés et habitués aux théâtres de guerre et ce sont eux qui ont planifié et organisé cette attaque tragique et meurtrière.»