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Kirene

À rebrousse-poil : Abdoulaye Wade : Après moi, le déluge (Par Adama NDIAYE)

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Formation historique de la vie politique sénégalaise, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) est aujourd’hui à l’agonie. L’orchestre s’apprête à entonner le requiem pour ce parti qui a été le fer de lance de la lutte et de la fin de l’hégémonie du Parti Socialiste (PS).

Le parti  paie principalement sa crise de leadership. Comment peut-il en être autrement ? Idrissa Seck, Macky Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Aliou Sow, Oumar Sarr, Habib Sy, et tant d’autres ont quitté le navire bleu et jaune. Mayoro Faye, fidèle parmi les fidèles. Mayoro Faye, apprécié par la presse, pour son professionnalisme dans le cadre de ses activités de chargé de communication. Mayoro Faye, sorte de dernier Mohican, qui continuait tant bien que mal à prêcher la bonne parole du parti. Et bien Mayoro Faye, lui-aussi, comme le boxeur Roberto Duran a fini par dire “No Mas” (Assez).

À l’heure d’établir les responsabilités de cette déliquescence, beaucoup d’anciennes figures de ce parti, et Mayoro Faye, est le dernier en date, pointent la responsabilité de Karim Wade. Ce dernier n’est que le symptôme du déclin du parti libéral. Abdoulaye Wade, son père, est la véritable source du mal. Communément appelé le  “Pape du Sopi”, c’est lui qui a créé de toutes pièces Karim Wade, tout obnubilé, qu’il était, par ses rêves de succession dynastique. L’ex chef de l’État a semblé vouloir faire du PDS une version tropicale du Front National de Jean Marie Le Pen. Un parti qui se transmet en héritage. Sauf que si cette forme de légitimisme peut prospérer dans la droite traditionnelle française, au Sénégal elle se heurte à de farouches résistances.

Beaucoup de leaders du PDS ont été poussés vers la sortie – pas tous, certains ont cédé à la détestable tentation de la transhumance pour des intérêts pécuniaires- par la volonté de Wade de transmettre le parti en héritage à son fils. Abdoulaye Wade caresse encore le rêve de voir Karim Wade jouer les premiers rôles sur la scène politique sénégalaise et accéder un jour à la Magistrature suprême. Pour cela, il ne fait l’économie d’aucune tactique.

Il est d’ailleurs tragi-comique de voir l’homme de l’Alternance diriger la liste du PDS après 96 printemps. Mais il préfèrera s’accrocher, imposer sa figure charismatique, empêcher toute velléité d’émergence de jeunes leaders dans l’espoir de préparer le terrain à Karim Wade et de lui donner les coudées franches en perspective d’un come-back qui ressemble furieusement à une arlésienne.

Après moi le déluge, tel est semble être son leitmotiv. Car cette “stratégie”, mise en place depuis 2012 n’a fait qu’accentuer le déclin désormais irréversible du PDS. Pour son fils, qui, disons-le, n’a pas une once de son envergure, de son charisme, ni de son courage – comme l’atteste cet interminable exil doré au Qatar- Abdoulaye Wade a détruit le patrimoine politique qu’il a patiemment bâti au cours d’innombrables années de lutte.

Le PDS en est désormais réduit à marchander des investitures avec la coalition Yewwi Askan Wi, née il y a à peine un an.

Pire, aucune nouvelle tête ne semble émerger de ses rangs pour reprendre le flambeau. En ce sens, Abdoulaye Wade peut dire : Mission accomplie.

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