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Crise politique : Un expert décèle trois «failles» dans la communication du gouvernement

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Les sorties médiatiques se sont enchaînées, ces derniers jours, dans le camp du pouvoir, pour gérer la crise politique qui sévit depuis quelques mois au Sénégal. La dernière en date, c’est la conférence de presse du gouvernement pilotée, hier jeudi, par le Premier ministre Amadou Ba, pour revenir largement sur les émeutes des 1er et 2 juin derniers.

Mais après observations et analyses, le Dr Jean Sibadioumeg Diatta a identifié trois facteurs qui, de son avis, gangrènent la communication institutionnelle au Sénégal.

La première «faille» est, selon lui, liée au profil des acteurs mis au-devant de la scène. «La communication publique devrait s’appuyer aujourd’hui sur une professionnalisation de ses acteurs, pratiquant des métiers reconnus et renforcés par des formations spécifiques de haut niveau. Malheureusement, au Sénégal, la réalité révèle qu’avec la politisation de l’Administration, les chargés de communication sont souvent choisis par copinage. Il n’est pas rare de voir des responsables de communication d’institutions publiques sans expériences professionnelles et même sans diplôme requis», a-t-il écrit dans une note intitulée «Le gouvernement du Sénégal face aux défis de la communication publique : s’attaquer aux racines d’un mal profond», rendue publique ce 16 juin.

Pour cet expert en sciences du langage, le manque de professionnalisation de ce métier prestigieux fait qu’on a souvent affaire à des agents qui ne s’occupent que de médiatisation au détriment de la vraie communication publique fondée sur une démarche de réflexion stratégique.

L’expert pense alors qu’«il urge, dès lors, de penser à la professionnalisation des acteurs à travers la mise en place d’un corps des professionnels de la communication publique».

Le deuxième problème, c’est la prédominance de la propagande politique, selon toujours l’enseignant-chercheur à la faculté des Lettres et sciences humaines de l’université de Dakar.

«N’étant souvent pas recrutés selon les compétences, mais selon les relations, bon nombre de chargés de communication d’institutions publiques ne gèrent généralement que l’image de ceux qui les ont nommés, en ignorant royalement leurs vraies missions. Ils travaillent quotidiennement à assurer la visibilité et la notoriété de leur leader en foulant aux pieds les exigences d’une communication publique. Leur objectif étant autre que d’assurer une promotion ou une longévité institutionnelle au leader dont ils gèrent l’image», a notamment expliqué Dr. Diatta qui fait constater, pour le regretter, que cette forme de communication s’occupe d’un intérêt particulier en lieu et place d’un intérêt général, alors que les acteurs sont payés avec les ressources publiques.

Enfin, le spécialiste en communication pointe le problème lié au financement, soulignant, en effet, que «contrairement aux entreprises privées qui accordent une place centrale à la communication, les institutions publiques relèguent souvent ce levier important de gouvernance à une simple formalité, voire à une simple médiatisation. Les restrictions budgétaires dues à la crise économique affectent la communication publique. Dès lors, ces institutions fonctionnent sans cellule, elles ne mettent généralement pas à la disposition de la communication un budget, car celle-ci est souvent perçue comme «gadget» non prioritaire».

À ce titre, Dr Jean Sibadioumeg Diatta trouve «très rare de voir une politique communicationnelle soutenue dans la plupart des organes de l’État».

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