La presse espagnole a dévoilé des conversations dans lesquelles on peut entendre Gerard Piqué et le président de la Fédération Espagnole Luis Rubiales travailler sur l’organisation de la Supercoupe d’Espagne. Et à Madrid, ça passe très mal…
On le sait depuis longtemps déjà, Gerard Piqué est un véritable businessman. Impliqué dans divers projets via sa boîte Kosmos, allant de la gestion du FC Andorra (D3) à l’exploitation de droits TV de diverses compétitions internationales en passant par l’Esport ou la Coupe Davis de tennis, le défenseur central catalan est bien occupé lorsqu’il n’est pas à l’entraînement ou en match…
Et ce lundi en Espagne, une affaire le concernant a été dévoilée au grand jour. Le journal El Confidencial a ainsi publié des enregistrements dans lesquels on peut entendre le joueur du Barça discuter affaires avec Luis Rubiales, président de la RFEF (Fédération Espagnole). Il s’agit de discussions remontant à 2018 et 2019, alors que la Fédération organisait la première édition de la polémique nouvelle Supercoupe d’Espagne, avec un nouveau format de Final Four et surtout, délocalisée en Arabie Saoudite.
Piqué a été un des cerveaux de l’organisation du tournoi
On apprend notamment que l’entreprise dont Piqué est le président, Kosmos, empoche 4 millions d’euros par édition de la compétition. Dans les conversations, on entend notamment le joueur faire étalage de ses talents d’homme d’affaires : « regarde Rubi, si on parle d’argent, eux (le Real Madrid) pour huit millions d’euros ils y vont. Huit millions pour le Real, huit pour le Barça, les autres on les paye 2 et 1, ça fait 19 millions au total et vous, la Fédération, vous en gardez 6. Et si on met la pression sur l’Arabie Saoudite, on peut en tirer encore un peu plus. On leur dit que s’ils veulent pas, le Real Madrid n’y va pas… et on gratte un ou deux bâtons (millions d’euros, NDLR) en plus ».
Le joueur barcelonais a donc joué un rôle majeur dans l’organisation de ce tournoi qui a tant fait parler en mal, de par son organisation loin des frontières espagnoles mais aussi de la répartition d’argent jugée inégalitaire (lors de l’édition 2022, le Real Madrid et le Barça ont empoché 12,5 millions d’euros, contre 4,5 pour l’Atlético et 2,5 pour l’Athletic selon AS). Lorsque le deal a été signé, Luis Rubiales a même félicité le joueur : « je t’embrasse, merci pour tout et je suis là si tu as besoin de quelque chose ». Dans une autre conversation datant de mars 2019, alors que la décision de jouer au Moyen Orient n’avait pas encore été prise, on peut écouter les deux hommes expliquer leurs manoeuvres pour convaincre le Real Madrid de disputer les matchs au Camp Nou de Barcelone.
« Je vais voir avec le Real Madrid, mais ils vont dire non je pense. Mais ça nous arrange pour nous justifier à l’avenir, on dit que le stade le plus grand c’est le Camp Nou, celui du club qui est champion de Liga, et vainqueur ou finaliste de la Coupe. Je pense qu’on a la légitimité pour le faire », avait ainsi expliqué Rubiales à Piqué. Concrètement, il ne s’agit pas de magouilles, ni de manoeuvres illégales. Gerard Piqué et Rubiales ont ainsi discuté d’affaires comme deux simples partenaires et n’ont jusqu’à preuve du contraire rien à se reprocher d’un point de vue légal. En revanche, on peut se poser des questions sur les possibles conflits d’intérêt qui peuvent découler de l’implication d’un joueur dans l’organisation du tournoi, sans parler de son amitié et sa proximité avec le patron du football espagnol… Et c’est surtout ça qui fait polémique dans la presse madrilène aujourd’hui. Les prochains jours s’annoncent tendus…