Pape Alé Niang marche bien sur les traces de Abdou Latif Coulibaly, ancien journaliste au groupe Sud communication. Auteur de plusieurs ouvrages sur les scandales qui ont secoué le régime Wade, Abdoulatif Coulibaly a fait l’objet de condamnations suite à ses écrits dans lesquels il incrimine la gestion des Wade.
L’auteur du brûlot « Lonase – Chronique d’un pillage organisé » publié en juillet 2007 avait été inculpé, en juillet 2010, pour « recel de documents administratifs ». A l’époque, l’ancien journaliste et patron de la Gazette y voyait la main de l’ancien ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy, père de Thierno Ousmane Sy alors conseiller en NTIC du président de la République Abdoulaye Wade. Thierno Ousmane Sy que le journaliste avait mis en cause dans l’affaire des 20 milliards de Sudatel relative à l’attribution de la troisième licence de téléphonie au Sénégal.
Autre affaire, autre condamnation : le 14 avril 2011, le même Abdou Latif Coulibaly est condamné à trois mois de prison avec sursis et dix millions de francs CFA d’amende pour « diffamation » suite à ses révélations dans une affaire douteuse de transferts de fonds impliquant un industriel sénégalais proche du président Wade. Une condamnation dénoncée en son temps par Reporters sans frontières. Les régimes changent, les pratiques demeurent. La justice sévit encore dans les rédactions. Le journaliste Pape Alé Niang avec qui Latif a partagé le groupe Sud, est sous les feux de la rampe. La gestion de l’Etat sous Macky Sall est son terrain de jeu favori. Sa proximité avec l’opposant Ousmane Sonko le met au-devant de la scène médiatique, jouant pratiquement le même rôle de lanceur d’alertes que Abdoulatif Coulibaly devenu ministre sous Macky Sall. Le directeur du site Dakar matin, arrêté dimanche 6 novembre dernier, est inculpé des chefs de « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, recel de documents administratifs et militaires, diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. (Articles 64, 370, 430 et 255 du Code pénal). Des accusations que rejettent ses avocats.
« Tempête décisive » : la guerre au Yémen « décime » les rédactions à Dakar
En mai 2015 l’envoi de 2100 soldats sénégalais au Yémen sera à l’origine d’une vague d’arrestations de journalistes. Alioune Badara Fall, directeur de publication du journal L’Observateur et son collègue Mamadou Seck seront cueillis à la rédaction par deux gendarmes puis conduits à la brigade de recherche, mardi 14 juillet 2015. Ils sont accusés de « divulgation de secret d’Etat ». Mamadou Wane, directeur de publication du journal EnQuête, est poursuivi pour les mêmes faits. Alors que Mouhamed Guèye du journal Le Quotidien de Madiambal Diagne, est arrêté pour avoir publié un procès-verbal de l’affaire du célèbre chanteur sénégalais Thione Seck en prison suite à son implication dans un vaste réseau de trafic de faux billets. Les journalistes bénéficieront plus tard d’une relaxe, assortie d’un contrôle judiciaire pour Mohamed Guèye et Mamadou Seck notamment.
Last but not least, l’emprisonnement en 2004 sous Wade, du journaliste et patron du groupe Avenir communication, Madiambal Diagne, éditeur du journal Le Quotidien. Poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, troubles à l’ordre public et publication de documents confidentiels, Madiambal Diagne est placé sous mandat de dépôt en juillet 2004 avant de bénéficier, 18 jours après, d’un non-lieu total devant la Cour d’appel de Dakar.