Le drame était prévisible, l’hôpital manquait de tout
En 2018, le khalife général des Tidianes Serigne Babacar Sy alertait le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, sur l’état moribond de l’hôpital Abdou Aziz Sy de Tivaouane. « L’hôpital a besoin d’une assistance. Si l’hôpital était une personne, on dirait qu’il est aujourd’hui paralysé. Il est plus malade que ses patients ».
Le guide religieux, qui n’était visiblement pas rassuré par les promesses des autorités, est allé jusqu’à demander plus de garanties de la part de l’Etat. « L’établissement de santé a besoin non pas de promesses, mais de solutions urgentes », réagissait t-il. « L’hôpital est sale. Il n’y a presque pas assez de médicaments. Je voulais étaler toutes les difficultés de l’hôpital, ici et maintenant, mais on m’en a dissuadé. C’est pourquoi monsieur le ministre ( Abdoulaye Diouf Sarr) je vous remets ce mémorandum dans lequel tous les problèmes sont consignés », confiait le guide religieux plus d’une année avant ce drame.
«Nous avons reçu des promesses dont nous attendons les réalisations. Nous comprenons que cela puisse prendre du temps mais cela tarde trop, il pourrait y avoir des conséquences qui peuvent toucher directement les patients », ajoutait le Khalife général des Tidianes. Une prémonition qui est arrivée avec cet incendie qui a coûté la vie à 11 bébés.
Quelques heures après ce drame, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al-Amine a également affirmé sur Asfiahi.org que ce qui s’est passé à l’hôpital de Tivaouane était « prévisible tellement le niveau de délabrement avait dépassé l’entendement. »
Il raconte : « J’y ai amené mon fils malade il y a 3 ans et je me suis rendu compte des difficultés auxquelles le personnel de santé est confronté pour dispenser correctement les soins. Ce personnel ne cessait de lancer des cris de cœur pour appeler les bonnes volontés et l’Etat à leur apporter un soutien. A la place, nous n’avons fait que du saupoudrage depuis plus de 15 ans avec des dons de matériel obsolète et des promesses de construction d’un nouvel hôpital non encore tenues », regrette-t-il.
Au-delà de l’indignation face à ce drame, il assure que « nous sommes tous responsables de n’avoir pas pris les mesures draconiennes pour un nouvel hôpital a Tivaouane. Le régime précédent l’avait érigé en hôpital de niveau 1 alors qu’à la place, nous avons plutôt un centre de santé secondaire. Feu Al Amine et le Khalife général actuel ont toujours tiré la sonnette d’alarme et appelé l’Etat à prendre ses responsabilités. En 2021, le ministre de l’Economie avait annoncé le passage à un hôpital de niveau 2 en partenariat avec le FONSIS. Nous attendons encore le début des travaux. »
Le drame de Tivaouane, provoqué par un court-circuit, selon les premières informations, est le dernier en date pour mettre en lumière les carences du système de santé des hôpitaux du Sénégal et les promesses de modernisation et d’investigations de la part des autorités.
Le président de la République Macky Sall après avoir décrété, un deuil national de trois jours a limogé le ministre de la Santé qui est remplacé par sa directrice, Dr Marie Khémesse Ndiaye.