Au moment où le gouvernement du Sénégal réfléchit à de nouvelles stratégies à mettre en œuvre, à la suite de l’installation du Comité interministériel de Lutte contre la Migration irrégulière (CILMI), le Réseau International pour l’Élimination Progressive de la Pauvreté (RIEP) a réuni d’éminentes personnalités sénégalaises et italiennes, ce mercredi 2 octobre, à l’occasion d’un panel consacré à la lutte contre la migration irrégulière en partenariat avec l’ONG Fawzi Wana Diaty (FWD), dirigée par le Khalife général de Bambilor.
Sous le thème : « Promouvoir le développement de l’Afrique pour limiter la migration », les conférenciers, parmi lesquels le chef religieux Thierno Amadou Ba, le chercheur et écrivain italien Dr Marco Baratto, et l’Abbé Nicolas Diène de la communauté catholique sénégalaise, membre de la RIEP, ont tour à tour présenté des perspectives sur des solutions durables pour répondre à ce phénomène complexe qui gagne de plus en plus de terrain. Les panélistes ont également mis en lumière un enjeu crucial : le « droit à ne pas émigrer », un sujet central du discours du Khalife de Bambilor, qui a plaidé en faveur d’une réconciliation des jeunes Africains avec leur terre natale.
Dans son intervention, Thierno Amadou Ba a insisté sur une problématique souvent négligée : le devoir de rester dans son pays pour y bâtir une vie stable et prospère. Selon lui, « la migration en soi n’est pas le problème, mais c’est la migration forcée, née du désespoir et du manque de perspectives, qui pousse tant de jeunes Africains à risquer leur vie en quête d’un avenir meilleur ailleurs ».
Au cours de la rencontre, le Khalife a souligné que l’Afrique regorge de richesses, tant naturelles qu’humaines. Toutefois, le manque d’accès aux ressources nécessaires pour exploiter ces richesses contraint les jeunes à chercher des opportunités ailleurs. « Nous devons transformer cette dynamique », a-t-il martelé, appelant à un renouveau économique et social du continent.
Pour inverser cette tendance, Thierno Amadou Ba propose une solution qui repose sur trois piliers fondamentaux. D’abord, l’éducation : « il est impératif que les systèmes éducatifs africains soient adaptés aux réalités locales. Les jeunes doivent être formés dans des domaines qui favorisent leur insertion dans des secteurs porteurs sur le continent », a-t-il souligné.
Ensuite, il a évoqué l’entrepreneuriat et l’innovation. Selon lui, « il faut encourager les jeunes à investir dans des secteurs clés tels que l’agriculture, les énergies renouvelables et les nouvelles technologies, essentiels pour générer des opportunités économiques locales ».
Enfin, il a abordé la question de la paix et de la stabilité. D’après lui, sans sécurité et stabilité, aucun développement durable n’est possible. Thierno Amadou Ba a appelé à des gouvernements responsables et à une coexistence pacifique pour créer un environnement propice à l’épanouissement des jeunes.
Le Khalife de Bambilor a également mis l’accent sur le rôle primordial des leaders religieux dans cette transformation. Selon lui, ces derniers doivent « prêcher la paix, la responsabilité, et encourager les jeunes à croire en l’avenir de leur continent plutôt que de se laisser séduire par les illusions d’une vie meilleure à l’étranger ».
Les tragédies humaines liées aux migrations irrégulières, en particulier en Méditerranée, sont devenues une réalité insupportable pour Thierno Amadou Ba, qui a appelé à une prise de conscience collective et à une coopération entre les gouvernements, les communautés et les organisations internationales pour mettre fin à ce fléau.
Il a conclu sa conférence en invitant les Africains « à se voir comme les bâtisseurs de leur propre avenir, à cultiver leurs racines culturelles et à valoriser leur identité ». Il a également appelé à « une coopération économique avec les autres continents, tout en insistant sur la nécessité de créer des sociétés africaines où les jeunes choisissent de rester, non par obligation, mais parce que leur avenir s’y trouve ».