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Kirene

Procès Sonko-Mame Mbaye : Le cordon ombilical français

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« Tout Gabonais a deux patries : la France et le Gabon », disait Léon Mba, premier président du Gabon indépendant. Près de 60 ans après, cette déclaration reste toujours vraie pour la classe politique sénégalaise. Que ce soit ceux qui sont considérés comme anti-français ou ceux qui sont accusés d’être à la solde de l’ancien colonisateur, la vérité est que le cordon ombilical qui lie le Sénégal à la France reste solide. Le procès opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko en a fourni une preuve parfaite, avec l’introduction de deux avocats français de part et d’autre.

Pendant longtemps, les deux parties se sont affrontées avec des avocats sénégalais. En un moment donné, il y a eu un besoin d’internationaliser le combat. C’est ainsi que Sonko a eu des avocats venus du Maroc et du Burkina. Du côté de l’Occident, l’opposant a opté pour un avocat français, Juan Branco. Son adversaire Mame Mbaye Niang a immédiatement répliqué en recrutant Me Olivier Sur, présenté par la presse sénégalaise comme un ténor du barreau français.

Un tournant qui ressemble à un déplacement du procès de Dakar vers Paris. En effet, c’est une lapalissade de dire que la personne est libre de choisir un avocat où il veut. Mais les choix ont leur signification. Si le besoin était d’avoir un avocat venu de l’Occident (et pourquoi d’ailleurs ?), il est possible de le recruter en France, mais aussi en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, au Québec… pour ne citer que des pays ou provinces francophones, si jamais on considère qu’il y a une barrière linguistique avec les pays anglophones, arabophones ou lusophones…

En choisissant un avocat français pour porter le combat à l’international, Ousmane Sonko renouvelle (sans le savoir ?) cet attachement des leaders africains à la France, leur incapacité à penser et à programmer en dehors de la France. Mame Mbaye Niang n’a pas fait mieux. Sa réaction montre le poids qu’il donne à un avocat français. Puisque Sonko en a, lui aussi devait en avoir pour que les forces soient égales. On dirait un Real qui recrute Cristiano Ronaldo en voyant Messi au Barça.

Marine Le Pen vs émissaire Macron

Ce recrutement des avocats venus de l’hexagone montre la volonté des deux adversaires sénégalais de s’adresser à la France, à ses autorités, sa classe politique, son opinion. Leur souci n’est pas de parler aux Gambiens, Guinéens, Maliens, ni même aux Allemands ou Britanniques, mais aux Français.

Le gouvernement s’est lui aussi inscrit dans le même sillage en refusant à l’avocat de Sonko l’entrée sur le territoire national. Si le gouvernement lui a accordé autant d’importance, c’est parce qu’il est avant tout un Français. Au finish, Antoine Diome et son patron n’ont réussi qu’à permettre à Branco de jouer les vedettes, lui la star française qui fait peur au gouvernement sénégalais.

Cette liaison ombilicale avec la France se confirme à nouveau des deux côtés (majorité comme opposition), non seulement dans les médias, mais aussi hors médias. Dans les médias, Sonko a fait du ‘’waxwaxett’’ en accordant une interview à Rfi et France 24. Quant à Macky Sall, il ne cesse de multiplier les interviews dont la dernière en date est celle avec l’Express à quelques jours du procès Sonko-Mame Mbaye Niang.

Hors média, on apprend l’existence d’un tête-à-tête entre Ousmane Sonko et un émissaire de Macron, alors qu’on n’a pas encore fini de parler de l’audience secrète accordée à Marine Le Pen au palais par Macky Sall. Ces comportements de la majorité et de l’opposition montrent que la classe politique sénégalaise est toujours biberonnée par la France.

Et malgré les discours de Macky sur les tribunes internationales et lors des interviews et les sorties médiatiques de Sonko contre la puissance impérialiste, la rupture est encore loin d’être une réalité. L’attitude de Senghor, Diouf et Wade, dans une moindre mesure, en dit long.

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