Mais au préalable, la bilipolarisation par défaut du géopolitique entre le président de la République Macky Sall et l’opposant Ousmane Sonko, est à déplorer. La vérité est que les torts sont partagés des deux côtés. Toutes les institutions et le Sénégal tout entier sont pris en otage par cette affaire qui n’a que trop duré, alors que chaque partie disait avoir hâte d’en finir pour de bon.
Les risques sont bien réels, le jugement par contumace de l’affaire politico judiciaire entre le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko et l’ex masseuse Adji Raby Sarr qui tient le pays en haleine depuis plus de deux ans, au détriment des grands sujets prioritaires et autres de grands enjeux de l’heure, ne peut pas être sans conséquence aussi bien niveau de la marche du pays qu’au sein de l’opposition réunie autour de Yewwi Askan Wi.
Parce que le peuple sénégalais est non seulement détourné de ses objectifs premiers, mais vit surtout, en permanence, un stress sans borne et une peur bleue sans commune mesure.
Depuis que la machine judiciaire a été enclenchée dans cette affaire, pourtant civile, à chaque fois que les deux protagonistes sont convoqués pour être entendus, tout le pays tourne au ralenti. À cause des manifestations incontrôlables et autres émeutes, plusieurs activités sont à l’arrêt, des écoles et des commerces baissent rideau, mettant l’économie en berne à cause des nombreux dégâts collatéraux que cela engendre. En dehors des saccages des biens d’autrui, des pertes en vies humaines sont même souvent enregistrées, installant finalement la psychose chez les populations.
La population ne peut plus vaquer à ses occupations à cause des dangers permanents qui la guettent.
Parce qu’aussi, autant que l’on peut reprocher au Président Macky Sall sa gouvernance d’ériger un bilan immatériel sombre et loin d’être vertueux, autant l’on peut reprocher au leader de Pastef de profiter de cette situation, dans le seul but de fonder une manipulation en forçant le trait. Les Sénégalais ne sont pas dupes, le jeu d’ombre et de communication est bien visible de tous, sauf si l’on se refuse par égoïsme et malhonnêteté intellectuelle de l’accepter.
Tout laisse croire que le maire de Ziguinchor continue d’agiter la thèse du complot, en dressant un bouclier pour échapper aux griffes de son accusatrice. Parce que s’il y a complot comme il l’a toujours soutenu, on doit pouvoir tenir le procès devant les tribunaux afin de tirer l’affaire au clair et non régler les choses devant l’opinion.
Si Ousmane Sonko est vraiment convaincu de son innocence, pourquoi ne devrait-il pas le prouver devant les juges et l’opinion? Il n y a que cela qui pourrait à mon avis, arrêter la machine judiciaire en marche, malgré tout ce qui s’est passé avec les spectacles populaires depuis mars 2021.
Mais refuser de déférer devant les juridictions, ne fait que donner du crédit à la thèse de ses détracteurs. Maintenant, s’il a des choses à se reprocher, la meilleure stratégie pour lui devrait être d’accepter de comparaitre et de songer à un plan B, en laissant un autre poursuivre l’aventure au sein de son parti.
La réalité est que l’audience prévue le mardi 23 mai prochain, devrait pousser les « pastefiens » à envisager un second plan pour éviter de sombrer. Car Khalifa Sall et Karim Wade ont payé cher leurs absences en 2019, pour ne pas avoir planifié un schéma de substitution, alors que leurs candidatures respectives étaient programmées.
Et nous le savons tous aussi, la nature à horreur du vide et il faudrait à tout prix éviter du côté de parti d’Ousmane Sonko, qu’un autre leader de l’opposition vienne combler justement ce vide, si toutefois il est absent de la course à la présidentielle de 2024 ou ne prévoit pas un plan B.
Et malheureusement, c’est le piège qui guette le parti du maire de Ziguinchor.
Ce qui est important à savoir aussi, c’est que l’on est dans une dynamique de neutralisation de la candidature du patron de Yewwi, comme cela est déjà arrivé en 2019. Le verdict de son procès en appel avec le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang dans l’affaire Prodac, pose déjà problème et dans ce cas précis, il risque probablement d’être jugé par contumace et ce qui est clair, au regard des dispositions de l’article L29 du code électoral, son éligibilité sera bien entendu automatique et irréversible.
L’article L.29 est devenu l’arme fatale contre les opposants. C’est une épée de Damoclès qui plane au-dessus de la tête des opposants les plus en vue.
Donc, avec cette nouvelle donne, la tenue du procès de mardi prochain, pourrait à coup sûr, avoir des conséquences sur la configuration politique, aussi bien au sein de la mouvance présidentielle qu’au niveau de l’opposition qui, il faut le rappeler également, veille au grain et n’attend que l’occasion se présente pour voler la vedette à Ousmane Sonko. C’est pourquoi ce n’est pas à exclure, peut-être même à l’heure actuelle, les membres de Pastef ont discuté d’une autre candidature pour un plan B. Car n’oublions pas aussi que Ie patron de Rewmi, Idrissa Seck qui vient de retourner dans l’opposition, travaille à reprendre sa place de chef, même si ce ne sera pas chose facile et aisée.
Mais pour l’heure, aucune candidature n’est certaine, ni celle de Macky Sall, ni celle d’Ousmane Sonko, encore moins celles de Karim Wade et de Khalifa Sall, sans compter le parrainage qui va écarter les candidats de moindre calibre. Juste pour dire que le flou est total pour les joutes prochaines et qu’il faudra attendre la fin du dialogue, pour y voir plus clair sur les potentiels candidats.
Ce que je vois ici, c’est de l’incertitude qui plane puisque personne ne maîtrise ce qui se passe, malgré les calculs politiciens effectués de part et d’autre.
Mais dans tous les cas, on doit tout faire pour maintenir le Sénégal dans le giron de la stabilité, d’où la nécessité de tenir un dialogue qui soit réellement inclusif, sans aucune forme de théorie de soupçon de deal.