« Si vous êtes réellement forts, faites votre coup d’État et gérez le pays comme vous le voulez ! ». Ce sont les paroles prononcées par Paul-Henri Sandaogo Damiba, en mai dernier, lors d’une rencontre avec les forces vives de la nation à Bobo-Dioulasso, révèle Jeune Afrique. Avec les événements de ce week-end, le désormais ex-président de la transition aura été particulièrement visionnaire, puisqu’il vient d’être renversé quatre mois après cette sortie.
Cette phrase illustre l’isolement progressif de l’ancien chef de la junte au sein de l’armée. À titre d’exemple, à la fin de septembre, mandaté par des mécontents, Ibrahim Traoré est monté à Ouagadougou avec pour mission de parler à Paul-Henri Sandaogo Damiba. Durant une semaine, il a demandé une audience, mais jamais il n’a reçu de réponse. Ce mépris a poussé les officiers à passer à l’action. « Damiba a trahi ses camarades », lâche une source militaire citée par Jeune Afrique.
Mais la goutte qui a fait déborder le vase, si l’on en croit l’hebdo panafricain, c’est la prime exceptionnelle versée par le président de la transition aux forces spéciales, un régiment qu’il apprécie. On parle de six millions de francs CFA et d’une villa pour chaque élément, alors même qu’aucun n’est au front. Favoritisme que Traoré et ses hommes n’auraient pas apprécié, d’autant qu’au même moment ils se faisaient canarder par les djihadistes sur le front.