Depuis le 17 mai 2023 se tient l’exposition « Sur le fil : de Dakar à Paris ». Trente artistes ont participé au projet afin de rendre hommage au savoir-faire sénégalais.
Une collaboration au-delà des frontières. Pour réaliser ses 11 peintures, Julian Farade, résident de l’atelier d’art Poush Manifesto, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, n’a pas travaillé seul, et s’est associé avec des brodeuses sénégalaises qui vivent dans un village au nord de Saint-Louis. C’est donc dans le cadre de l’exposition « Sur le fil : de Dakar à Paris », que l’artiste plasticien expose ses œuvres à la galerie du 19 M du 17 mai jusqu’au 30 juillet 2023.
Une rencontre entre deux cultures
Julian Farade n’avait aucun lien particulier avec le Sénégal jusqu’à la collaboration entre le travail de brodeuses sénégalaises et le sien. Tout commence lorsque les maisons d’art l’approchent pour participer à un projet en lien avec Dakar. Une trentaine d’artistes contribuent à l’exposition. Pour ce travail, Julian Farade utilise notamment du textile et de la peinture.
Pour trouver l’inspiration et créer un lien avec ce pays, il se plonge dans la lecture d’un conte traditionnel pour enfants : « C’est l’histoire d’un lièvre qui s’en va dans un parcours initiatique afin de rencontrer tous les animaux. Finalement, on peut faire le parallèle avec notre Petit Prince à nous », explique le trentenaire.
Un partenariat à l’aveugle
Inspiré par ce livre, l’artiste plasticien se sert d’un tissu typiquement utilisé par les Sénégalaises pour porter leurs enfants. Ensuite, il prend de la peinture et laisse parler son interprétation sur l’histoire de cet ouvrage. Après 4 jours intenses de travail, les 11 tableaux sont terminés. Du jaune, du bleu, du vert ou encore du noir prédominent ses œuvres.
Pourtant, le travail n’est pas encore achevé. Ses œuvres sont ensuite envoyées dans un petit village du Sénégal, mais aussi à Dakar, capitale du Sénégal. Plusieurs femmes s’approprient ses peintures. Sans cahier des charges, totalement libres, elles interprètent et brodent directement dessus ce qu’elles comprennent et ce qu’elles veulent aussi transmettre comme message.
Julian Farade ne les connait pas. Aucun contact. L’artiste doit leur faire totalement confiance : « Je n’avais pas envie de leur imposer quelque chose. Elles peuvent donner libre cours à leur imagination, et interprétation au travers de la broderie, affirme-t-il. C’est aussi une façon d’en apprendre un peu plus sur leur culture. »
Une vision à la fois traditionnelle et contemporaine
Les brodeuses sénégalaises se sont amusées à coudre sur les 11 œuvres de Julian Farade. Sur l’une d’entre elles, elles ont confectionné des oiseaux, mais aussi des flocons avec du fil rouge.
Lorsque Julian Farade découvre leur travail, il est surpris par la compréhension d’une de ses œuvres. Alors qu’il avait peint un oiseau, ces jeunes femmes l’ont perçu comme une grenouille. Elles ont donc brodé cet animal sur toute la toile.
Ces brodeuses ont chacune leur interprétation des points, des ornements, des étoiles ou encore des losanges. C’est un véritable échange des cultures.
Julian Farade
Artiste plasticien
Une première exposition à Dakar
Une fois la collaboration achevée, les peintures partent à Dakar pour y être exposées jusqu’en mars dernier. Pour l’occasion, Julian Farade se rend dans la capitale du Sénégal. C’est la première fois qu’ils se voient et se réunissent autour d’un même point commun : l’art. Malgré tout, la barrière de la langue les empêche de communiquer aisément.
Cette collaboration est importante pour Julian Farade, car « l’objectif est de mettre en avant le savoir-faire sénégalais sans qu’un artiste parisien s’approprie leur culture ».