Le Sénégal est un pays connu pour sa capacité d’accueil et d’intégration des étrangers en provenance de tous les continents. Sa «TERANGA» qui signifie : valeurs d’accueil, d’hospitalité, de solidarité est connu dans le monde entier. Ce terme rappelle que le Sénégal a toujours été un pays de brassage de cultures et d’ethnies. Le Sénégal a fini par désigner son équipe nationale de Football : «Les Lions de la TERANGA».
Par ailleurs, les sénégalais sont de vrais nomades qu’on retrouve partout dans le monde. Je fus très surpris de les rencontrer dans des endroits improbables où ils donnent l’impression de n’avoir pas peur de l’inconnu, de la découverte et parfois de la galère.
En Côte d’Ivoire, j’ai pu voir à quel point ils vivent en communauté très structurée et créent des activités spécifiques : couture, restauration, etc. Certains ont opté pour la nationalité ivoirienne et occupent des postes de responsabilité dans différentes administrations. Le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Cameroun sont aussi des pays d’accueil de beaucoup de migrants sénégalais.
S’il semble logique de retrouver des sénégalais en Afrique, il est plus étonnant de constater leurs capacités de quitter le pays natal pour se rendre dans des pays lointains dont la culture est éloignée de la leur.
Un jour, je me suis rendu en Allemagne avec des amis dans un endroit où aucun noir n’était visible à l’horizon. Nous nous installâmes dans un restaurant typiquement allemand dont le propriétaire ressemblait à se méprendre à un cliché de l’Allemand : Grand et blond. Il était sympathique et plein de joie de vivre. Il nous présente sa carte de Menu, bien évidemment il n’y avait pas de plat africain, encore moins sénégalais. Sous le mode de l’humour, je lui demande s’il n’avait pas de Mafé (plat sénégalais) ; il me répond sans sourciller en Wolof : «Amoul» il n’y en a pas. Mais, j’ai du «Thiéboudiène» (autre plat sénégalais), le dimanche à la maison. Il m’explique que son gendre vit en Allemagne et les plats sénégalais n’ont pas de secret pour lui. J’étais surpris de savoir qu’il pouvait y avoir un résident sénégalais dans cette cité allemande.
J’ai retrouvé cette capacité d’adaptation en Italie. Un sénégalais bon teint, parlant un italien qui semblait parfait, préparait comme un vrai pizzaïolo des plats succulents qu’il vendait devant la basilique Saint Pierre de Rome. Lorsque notre discussion s’est engagée, il m’explique qu’il vit en Italie depuis quinze ans et qu’il avait quitté l’école en classe de CM2. Il me répète plusieurs fois que les voyages forment la jeunesse.
Nos péripéties se poursuivent en France, non pas à Paris où résident une forte communauté sénégalaise mais dans un bled paumé au fin fond de la France profonde où des vaches côtoient des français aux accents incompréhensibles. Tenez-vous bien ! le village s’appelle MONTCUQ et ses habitants s’appellent MONTCUQUOIS. Croyez-moi, il y avait bien une sénégalaise qui s’était perdue dans ce patelin au nom imprévisible.
A l’île d’YEU, endroit très prisé, réputé pour son beau paysage, son calme, sa sérénité et sa douceur de vivre, j’ai retrouvé encore deux sénégalais. Lorsque j’ai aperçu une serveuse dans un restaurant, j’ai reconnu le port et l’allure particulière des sénégalaises. Bingo ! Ma question : « De quelle région du Sénégal ? » « De la Casamance », répond-elle. Elle vit et gère un hôtel restaurant dans cette belle ville de la Vendée. Le deuxième sénégalais était figé car c’était la statue d’un tirailleur sénégalais qui représentait ses 400 camarades qui n’ont pas survécu au naufrage de leur cargo le « SENEQUA » en provenance de Dakar pour Bordeaux…
Même morts, ils sont vivants. Les sénégalais sont finalement des nomades, des peulhs et leur capacité d’adaptation dépassent l’entendement.
Au Havre, un panneau face à la mer, indique que Dakar n’est qu’à 7 jours de traversée en bateau. Finalement, le Sénégal n’est loin de nulle part…