Au Mexique, la réforme du système judiciaire, voulu par le président Andres Manuel Lopez Obrador, continue de faire polémique. Ce projet de loi, qui vise à faire élire les magistrats au suffrage universel direct dès 2025, a été approuvé mercredi 4 septembre par une large majorité des députés, réunis lors d’une session extraordinaire. Le texte attend encore d’être examiné par les sénateurs, mais à de grandes chances de passer. Le personnel de la justice, qui s’oppose à cette réforme, a donc manifesté devant le Sénat à Mexico, dans la foulée du vote à l’Assemblée nationale.
Devant le grillage de la chambre haute du Parlement mexicain, ils sont quelques centaines réunis à l’improviste quelques heures après le vote de l’Assemblée nationale, qui validait le projet de réforme du système judiciaire. Ces membres du personnel de justice en grève depuis deux semaines sont venus exprimer leur crainte sur l’indépendance de la justice, si la réforme est mise en œuvre.
« Tout le monde » concerné
« Nous espérons que la réforme ne passe pas et que les gens prennent conscience que cette loi ne concerne pas seulement les magistrats mais tout le monde. Les juges ne peuvent pas s’improviser, encore moins être élu par un vote populaire », abonde Elvia Cordoba, employée dans une cour fédérale.
La nomination des juges dans les urnes dès l’année prochaine est la mesure la plus critiquée de cette vaste réforme qui entend renverser le système mexicain de la justice. « S’il est désigné par des élections, évidement qu’un juge ne sera pas indépendant. Il prendra ses décisions juridictionnelles en fonction des forces de pouvoir qui lui auront donné sa place. Nous craignons qu’il puisse y avoir des juges imposés par des cartels ou par des grandes entreprises. Nous demandons aux sénateurs qu’ils nous écoutent », s’insurge l’avocate Claudia Hernandez. La réforme devrait être examinée par le Sénat la semaine prochaine.