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Stratégie de victimisation, marketing politique : L’Etat, carburant du moteur Sonko ?

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Le leader de Pastef n’aura certainement pas besoin d’un spécialiste en marketing politique dans son « gouvernement ». Ousmane Sonko a l’avantage de voir ce service assuré par le Chef de l’Etat himself. Le dernier plan marketing était le barrage du cortège du leader des patriotes. Un événement qui a visiblement participé à augmenter le taux de notoriété du candidat à la présidentielle de 2024. Dès que la nouvelle s’est répandue, les messages de soutien à son endroit ont fusé de partout. De ses alliés à de simples citoyens en passant par ses partisans, bon nombre d’individus ont directement tenu pour responsable le président Macky Sall de ce qui s’est passé ce dimanche 18 octobre à Joal. Comme il l’a annoncé, Ousmane Sonko a démarré son « Nemmeku Tour ». Une tournée politique en vue de rencontrer les populations. L’objectif étant de faire carton plein pour la présidentielle de 2024 comme le montre leur hashtag « focus 2024 ». Au sortir des législatives, l’opposition a progressé dans les localités les plus éloignés. Ce « nemmeku Tour », si les objectifs sont atteints, permettra à l’opposition de poursuivre sa dynamique. Ousmane Sonko a entamé sa tournée dans la région de Thiès, dans le département de Mbour. « La tournée se déroulait tranquillement, le président a rendu visite à des personnalités, des amis, à sa famille comme il était prévu » témoigne un proche du leader. « Il y avait de l’engouement à chaque fois qu’on entrait dans un quartier. Les gens venaient naturellement dès qu’ils étaient mis au courant de la présence de Sonko dans la zone » poursuit-il. Toutefois, il a fallu qu’un incident se produise pour que le grand public soit au courant de la présence du leader de Pastef à Joal. Ousmane Sonko relate les faits dans un live après les incidents : « C’est lorsque nous étions dans la maison du curé qu’un capitaine de la gendarmerie a demandé à nous parler. Après être sorti de la maison du curé, le capitaine nous a présenté une réquisition du préfet qui lui demandait de rétablir l’ordre à partir du début de ma tournée jusqu’au 23. Je lui ai rétorqué que je ne comprenais pas d’où venait la perturbation dont il parle. Il m’a expliqué qu’il y avait un attroupement. Un attroupement que je n’ai pas organisé. Les gens sont venus de leur propre chef alors que je ne faisais que rendre visite à des responsables. Après, nous avons continué notre tournée. Et lorsque nous sommes entrés dans une mosquée pour saluer les notables, nous avons entendu la gendarmerie lancer des grenades lacrymogènes ». D’après le leader de Pastef, des forces de l’ordre ont été déployées sur l’ensemble de son itinéraire. « Ce dimanche, j’étais persuadé que ma sécurité était vraiment assurée au vu du nombre de gendarmes et de GMI déployés », ironise Sonko. Si l’objectif des forces de l’ordre étaient de mettre fin à la tournée du leader de Pastef, l’incident a davantage servi sa communication. Les messages de soutien n’ont pas tardé.

Et le leader de Pastef n’a pas manqué de capitaliser sur cet incident. En atteste la réactivité observée à la suite des événements. « On ne peut pas en vouloir à Ousmane Sonko de vouloir jouer à fond sur la carte de la victimisation. Plus qu’une stratégie individuelle, il y a des faits réels qui laissent penser aux populations qu’il y aurait un acharnement du pouvoir (le système) sur Ousmane Sonko. Pour rappel, Ousmane Sonko n’a ni une interdiction de circuler dans le territoire sénégalais, ni celle de rencontrer, échanger avec les populations. Ces interventions des forces de l’ordre sur décisions des préfets et autres semblent, aux yeux des populations, disproportionnées. Elles ne viennent que renforcer un sentiment d’injustice vis-à-vis de la personne d’Ousmane Sonko, de surcroît visible en live preuve à l’appui sur les réseaux sociaux», analyse le docteur Moussa Diop, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication. Ce dernier explique le process qui permet à Ousmane Sonko d’engranger d’avantage popularité.

« Ces actes incidents provoquent un élan de sympathie vis-à-vis de toute victime contre l’injustice (Ousmane Sonko); ont un impact positif dans la promotion des actions à visée politique d’Ousmane Sonko ce qui signifie que les meilleurs agents publicitaires, attachés de presse et chargé de communication d’Ousmane Sonko, sont les forces de l’ordre agissant à coup de réquisition, d’arrêté préfectoral. Ils valident le match Sonko Vs le système entérinant ainsi les thèses du complot et de l’acharnement. Ils valident la bipolarisation de la vie politique organisée autour d’un duel Sonko-Macky avec avantage communicationnelle pour Sonko ».

Le leader de Pastef détient dès lors un avantage concurrentiel par rapport à ses adversaires. L’illustration est qu’en ce lundi, il est l’homme dont on parle le plus. L’Etat n’a donc visiblement appris de ses erreurs et continue de nourrir le monstre qu’il a lui-même fabriqué.

Toutefois ce mythe pourrait s’effondrer avance Moussa Diop. « Cette victimisation cesserait de marcher, si l’affaire Adji sarr-Sonko, montre aux populations que Sonko serait le monstre qu’on essaie de nous décrire, analyse-t-il. Je rappelle que la figure Sonko est surtout promue par un ensemble de frustrations : Françafrique, néocolonialisme, élites sénégalaises supposées corrompues. Quand on ajoute la question de l’usage perçue “abusive” des forces de défense et de sécurité, le concernant : on a là une figure qui symbolise une double victimisation. Victime d’un ordre international injuste politiquement, historiquement, culturellement et économiquement (vis-à-vis de l’Afrique puis de Sonko) . Et de fait une victime d’un système politique national (même imaginée) sous influence de l’ordre international désigné ci-dessus et qui perpétue les mêmes injustices, violences et exactions contre la figure de Sonko, construite comme incarnation d’un Sénégal et d’une Afrique jeune, libre et décomplexée. »

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