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Kirene

[8 mars ] Carnet de route de Sophie Ndiaye, première conductrice de bus Dakar Dem Dikk

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Sophie Diougue Ndiaye est une figure singulière dans un milieu dominé par des hommes. Elle est la première femme conductrice de bus Dakar Dem Dikk. Autant, elle sait manier le volant autant elle sait ménager son travail et les tâches ménagères. Cette mère de 4 enfants se lève à 4 heures avant la levée du jour pour s’acquitter de quelques obligations avant d’aller au boulot. Retour sur la trajectoire d’une femme qui a tout vu et tout entendu.

Originaire de la petite côte, Sophie Diougue Ndiaye âgée de 46 ans entretient un parfait amour avec le transport. Elle y est par passion. La première femme conductrice de bus Dakar Dem Dikk a fait du chemin. Elle n’est pas arrivée à ce niveau par hasard. Si nous étions dans l’armée, on ne peut dire qu’elle a rampé. Mais, il convient de bien dire qu’elle a roulé d’abord sa bosse dans la mécanique, puis dans la conduite de taxi et ensuite dans celle des voitures clandos. C’est ce passage qui mène vers Dakar Dem Dikk. Ici, elle ne tarde pas à convaincre et à gagner la confiance des responsables de la société Dem Dikk.

Chaque jour, elle transporte plus de 50 passagers entre Mbour et Dakar à bord de Dem Dikk.

Ménage et travail : Le secret d’une réussite

Sophie n’a pas d’employée domestique. Derrière elle, c’est sa fille aînée 13 ans qui fait le ménage. Madame Ndiaye a initié sa fille à faire les travaux domestiques pour assurer sa relève durant son absence.

« Franchement, mon ménage n’est pas un handicap pour mon travail. Grâce à ma fille aînée, je gère ma maison et mon travail. J’ai initié dès le bas âge ma fille aînée à faire des tâches ménagères. Je ne regrette rien. Elle assure la relève durant mes absences. À mon réveil, je fais ce que je peux et le reste, elle s’en occupe. Ce n’est pas compliqué pour moi. Une fois au boulot, j’ai l’esprit tranquille parce qu’elle gère bien la maison », confie-t-elle.

Le coup de cœur

Sa passion pour la conduite de bus évacue sa fatigue malgré le jour qui commence tôt et malgré les longues distances à effectuer tous les jours. Elle bosse comme des hommes.

« J’aime bien conduire, c’est pourquoi une fois au volant, j’oublie tous mes soucis. Je ne ressens pas la fatigue parce que conduire c’est ma passion et je me suis habituée à ma routine de 4 heures du matin. Ce métier est mon coup de cœur. Je me retrouve dedans avec beaucoup de fierté », narre la conductrice.

Des anecdotes

Pourtant tout ne roule pas sur des roulettes pour madame Ndiaye. La conductrice a partagé des anecdotes qui l’ont beaucoup choquée. Elle a été victime de plusieurs critiques négatives venant des personnes qui tentaient de la décourager et des passagers qui la jugent incapable.

« Au début, c’était difficile. Tout le monde croyait que je ne vais pas aller loin. Mais j’ai cru en moi et j’ai foncé sans écouter les critiques »,laisse-t-elle entendre.

Des critiques et des plaisanteries sont gravées dans sa mémoire. Elles résonnent dans son esprit comme si c’était hier. La femme âgée d’une quarantaine d’années partage quelques fagots de souvenirs.

« Il m’arrivait de monter dans le bus pour prendre le volant et j’entendais des passagers qui me sabotaient en disant que depuis quand une femme a la capacité et le courage de conduire un si grand bus ? Parfois on m’insultait. Mais j’y vais avec mon sang-froid et je remercie la société Dakar Dem Dikk de m’avoir formée car mes collègues m’ont aidée à forger ma personne. Ce que certains ne savent pas ; Dakar Dem Dikk ne prend jamais le risque de donner à une personne la responsabilité de conduire un bus de sa société si cette dernière n’a pas les compétences requises », précise madame Ndiaye.

Une mission accomplie au jour le jour

Chaque jour, c’est à 18 heures qu’elle retrouve sa famille après avoir assuré la desserte Mbour-Dakar et Dakar-Mbour. A chaque fin de journée sa joie, son ouf de soulagement. Le reste de la journée est précieux et il est réservé à la famille.

« Quand je rentre à 18 heures, la première chose à faire, c’est de remercier Dieu pour l’accomplissement de la lourde tâche de transporter plus de 50 personnes en paix et en sécurité. Je me déconnecte de Dakar Dem Dikk pour passer du temps avec ma famille. Je me sens fière et soulagée à la fin d’une journée accomplie. Et, c’est cette même fierté que j’éprouve à la fin du mois quand le message de mon virement sonne. Là, je sais que c’est l’argent de ma sueur », raconte-t-elle avec fierté.

Message aux femmes

Elle conseille les femmes à investir le créneau dominé par des hommes et de cultiver la confiance en elles pour s’imposer. C’est son secret. C’est son code de conduite. La recrue de la société Dakar Dem Dikk estime que conduire une voiture n’est pas strictement réservé aux hommes. Les femmes ont bien leur place dans ce secteur.

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