Armé de la foi ardente d’un converti, l’ancien Directeur de l’Office National de l’Assainissement prêche la bonne parole pastéfienne, distille bons et mauvais points et lance, à l’occasion, des oukases. Abdou Diouf avait El Hadji Mansour Mbaye, Wade Abdoulaye Mbaye Pekh, Macky Sall Farba Ngom, Ousmane Sonko PROS, qui n’a pas encore pris quartier à l’Avenue Roume, a Lansana Gagny Sakho. Révolution et rupture obligent, le nouveau laudateur se distingue de ses devanciers par le style, le verbe et la posture. La touche techno, pourrait-on dire. Mais sur le fond, il n’y a pas trop de différence. Jugez-en plutôt par ce florilège de tweets.
Ces saillies peuvent prêter à sourire lorsque l’on se remémore le passé du nouveau porte-flingue attitré de Ousmane Sonko. Lansana Gagny Sakho est la preuve ultime que le ressentiment est un puissant moteur dans les orientations politiques. L’écrivain français, Jules Barbey d’Aurevilly, raconte qu’avant d’être un socialiste enragé, Eugène Sue fut d’abord un monarchiste. Humilié dans le salon d’une dame de l’Aristocratie, Sue rangea ses habits de partisan du trône et de l’autel pour arborer celui de défenseur de la cause des ouvriers.
Tant qu’il était dans les bonnes grâces du Président, Macky Sall, Lansana Gagny Sakho ne différait en rien d’un militant de l’APR ordinaire, multipliant les paroles obséquieuses lorsqu’il s’agissait d’aborder les “réalisations” de son leader. Comme bon soldat de la majorité, il ne manquait pas non plus de joindre sa voix au chœur des attaques contre Ousmane Sonko.
Tombé en disgrâce, il a fait ce que tout bon homme politique sénégalais fait en pareille situation : changer de camp, transhumer comme l’on dit dans le jargon journalistique. Sauf qu’au Sénégal, lorsque l’on quitte le pouvoir pour l’opposition, quelles que soient les circonstances, l’on est non perçu comme un transfuge opportuniste mais plutôt comme un repenti. En passant de Macky Sall à Ousmane Sonko, Lansana Gagny Sakho semble avoir retrouvé son honneur. Un bon variant. D’où son aplomb à tirer sur tous ceux qui critiquent son nouveau leader ou qu’il juge complaisants à l’égard du Président, Macky Sall.
Il n’en reste pas moins un archétype éclatant de cette manière détestable de faire de la politique au Sénégal : celle qui consiste à changer ses convictions au gré du vent comme une girouette.