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« La Guinée n’est pas La Mecque » : Un ministre crée la polémique, pour avoir défendu un imam qui prie en langue locale

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En Guinée, le torchon brûle entre les autorités religieuses musulmanes de Kankan et le célèbre prédicateur Nanfo Ismaël Diaby. Elles lui reprochent de diriger ses prières en maninka, une langue locale au détriment de l’arabe.

Lors de sa visite au domicile du grand imam de Kankan, mercredi dernier, le ministre guinéen de la Justice a été interpellé par ses hôtes sur l’attitude de Nanfo. La réponse de Charles Wright a été claire : « Dans le Saint Coran, Dieu guide qui il veut. Il égare qui il veut. Moi, en tant que ministre, j’appartiens à une religion (…) Comme il est dit dans le Saint Coran, tu as ta religion, j’ai ma religion. Ce n’est pas vous qui devez juger Nanfo. Vous devez prier pour ceux qui vous croient… S’il prie en maninka chez lui, moi, en tant que musulman, je peux condamner. Mais en tant que ministre des Droits de l’homme, je dois faire en sorte que ses droits soient respectés. »

« Il a le droit de prier dans la langue qu’il estime être juste »

Charles Wright va ensuite rappeler à ses hôtes qu’il y a des versions du Coran en n’ko (alphabet ouest-africain). Le but est de permettre aux gens de comprendre le message transmis. « Dites à l’imam de laisser Nanfo prier dans la langue qu’il estime être juste. C’est son droit », a exhorté l’autorité.

Le leader religieux, en désaccord avec le ministre, a pris la parole pour défendre son point de vue. Il a notamment accusé le prédicateur de créer des troubles partout, à cause de ses agissements. « Si Nanfo crée des troubles, ce sera sanctionné. La Guinée n’est pas La Mecque. Ici, ce n’est pas sur le Coran qu’on juge. Chacun de nous a une religion… Je dis à Kankan, Nanfo n’a pas le droit de troubler l’ordre public, mais il a le droit de prier dans la langue qu’il estime être juste. Je dois respecter ses droits », a rétorqué le garde des Sceaux, selon les propos rapportés par Guinéenews.

Les imams de Kankan n’ont vraiment pas apprécié la réaction du ministre. Ils l’accusent de soutenir le prédicateur.

« Nous avons senti dans ses propos un certain soutien à l’endroit de Nanfo »

A l’issue d’une réunion de crise tenue à leur siège hier jeudi 2 février, ils ont clairement invité le ministre à rester en dehors de « tout ce qui concerne la religion ». « Nous l’avons écouté et nous avons senti dans ses propos un certain soutien à l’endroit de Nanfo Diaby, alors même qu’une décision de la Cour suprême interdit ce dernier de s’adonner aux actions allant dans le cadre de la vulgarisation de l’islam », a dénoncé Sidibé Djiba, porte-parole des imams présents à la réunion.

Mais le prédicateur interrogé par Guinéenews s’inscrit en faux contre ces propos.

Menaces de mort

Pour lui, la Cour suprême ne lui a jamais interdit de prier dans sa langue. Elle lui a plutôt refusé de créer des troubles à l’ordre public. Il dit maintenant craindre pour sa vie, parce que des menaces de mort lui parviennent : « Je n’ai que Dieu et les lois de mon pays pour me protéger, car nous craignons pour notre vie. »

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